Documentation

BERNE 21.05.2016 - La première grande zone de rencontre de Suisse dans le quartier résidentiel de Burgfeld. © Béatrice Devènes
BERNE 21.05.2016 – La première grande zone de rencontre de Suisse dans le quartier résidentiel de Burgfeld. © Béatrice Devènes

Home › A propos de la zone de rencontre

Documentation sur les zones de rencontre

Des zones de rencontre sont aménagées dans de nombreux endroits en Suisse afin d’augmenter la qualité du séjour et l’attractivité de certains tronçons de rue en localité. Ce type d’aménagement accorde la priorité aux piéton·ne·s sur la totalité de la chaussée face au trafic routier.

L’espace dans les quartiers d’habitation, les rues commerçantes, ou la chaussée peut être utilisé pour jouer, pratiquer des activités sportives ou pour flâner. Les personnes à pied bénéficient de la priorité face au trafic dans les zones de rencontre. Elles peuvent utiliser toute l’aire de circulation mais ne doivent toutefois pas gêner inutilement les véhicules.

Les zones de rencontre sont autorisées en Suisse depuis le 1er janvier 2002. L’ordonnance sur la signalisation routière (OSR) décrit l’application et les règles pour l’introduction de ce type de signalisation de zone. Les zones de rencontre peuvent être aménagées sur les routes secondaires dans les quartiers d’habitation et/ou commerciaux. La vitesse maximale est fixée à 20 km/h. Le stationnement n’est autorisé qu’aux endroits désignés par des signaux ou des marques.

Comment tout a commencé

« Pourquoi étudier Berthoud ? » demandait récemment un interlocuteur dans le cadre d’une recherche sur les zones de rencontre. La « Flanierzone » relevait en 1996 de l’audace. Elle est aujourd’hui manifestement entrée dans les mœurs. Idem à Pontevedra en Espagne, où la nouvelle génération est née avec la zone de rencontre et ne peut plus imaginer le centre-ville autrement.

Mais en 1996, les enjeux environnementaux et de durabilité commençaient juste à faire parler d’eux. Le projet pilote FuVeMo (Fussgänger- und Velomodellstadt) initié par l’Association Transport et Environnement (ATE) et l’Office fédéral de l’énergie, constitue pour cela l’une des étapes importantes dans la création de nouvelles possibilités de reconfigurer l’espace public et la mobilité en Suisse. Le « laboratoire » de Berthoud (Burgdorf) poursuivait des objectifs ambitieux de redistribution des parts modales, encore loin d’être évidents dans d’autres communes, de réduction du trafic interne et des accidents, ainsi qu’une amélioration du sentiment de sécurité et des conditions pour la marche et le vélo.

L’essai du régime « zone de flânerie » devient zone de rencontre en 2002
La « zone de flânerie » a démarré en 1996 en tant qu’essai.

Inviter à la flânerie, c’est ce qui a motivé la création de ce nouveau régime, en particulier pour maintenir la clientèle des commerces du centre-ville alors que la croissance du trafic motorisé en péjorait progressivement le confort et l’attractivité. La zone de rencontre incarne une nouvelle culture de la mobilité, axée sur la cohabitation des différents modes, plutôt que leur séparation. « Il faut un certain chaos », affirmait alors Kurt Schürch, en charge du projet au canton de Berne. D’autres solutions également basées sur l’effet apaisant de la cohabitation des différents modes de transport ont été testées en parallèle sur des axes routiers principaux (« modèle bernois »). Le canton de Berne a plus d’une fois ouvert la porte à des expérimentations visant à repenser la mobilité pour davantage répondre aux besoins humains et écologiques.

Aire piétonne à Chambéry
Les aires piétonnes à Chambéry sont généralement courtes.
Aire piétonne à Chambéry
L’Aire piétonne de Chambéry est un précurseur de la zone de rencontre.
Aire piétonne à Chambéry
Aire piétonne à Chambéry.
Aire piétonne à Chambéry
Une Aire piétonne devant une école de Chambéry.

Identifiée comme ayant un potentiel de transfert modal, la commune de Berthoud a relevé le défi. Un acte courageux face au scepticisme dû aux coûts et aux questions d’assurance et de responsabilité en cas d’accident, puisque le projet pilote octroyait la priorité aux personnes à pied. Grâce à une stratégie de communication soignée impliquant tous les acteurs locaux, Berthoud s’est fait connaître loin à la ronde. Une véritable réussite, y compris pour Mobilité piétonne Suisse qui s’est investie pour l’entrée du nouveau régime dans l’Ordonnance sur la signalisation routière (OSR) en 2002.

Plus de détails dans le Bulletin Fussverkehr 4/2008 et sur le site de Rue de l’Avenir.  

Juridique

signalisation zone de rencontre

Règles de circulation

Les règles concernant les zones de rencontre se trouvent à l’article 22 de l’ordonnance fédérale sur la signalisation:

1 Le signal «Zone de rencontre» (2.59.5) désigne des routes situées dans des quartiers résidentiels ou commerciaux, sur lesquelles les piétons et les utilisateurs d'engins assimilés à des véhicules peuvent utiliser toute l'aire de circulation. Ils bénéficient de la priorité mais ne doivent toutefois pas gêner inutilement les véhicules.
2 La vitesse maximale est fixée à 20 km/h.
3 Le stationnement n'est autorisé qu'aux endroits désignés par des signaux ou des marques. Les règles régissant le parcage en général s'appliquent au stationnement des cycles.

Comme sur toutes les routes, là où rien d’autre n’est indiqué, la circulation à droite (LCR art. 34, OCR art. 7) et la priorité de droite (LCR art. 36) s’appliquent. Lorsqu’un trottoir est disponible dans une zone de rencontre, il reste réservé aux piéton·ne·s (LCR art. 43).

Pour résumer, les règles suivantes s’appliquent :

  • Priorité aux piéton·ne·s
  • Vitesse maximum fixée à 20 km/h
  • Interdiction de stationnement en dehors des cases marquées

Jouer dans la rue

En Suisse, les rues où l’on peut jouer ne sont pas régies par une signalisation spécifique. Jouer est permis sur toutes les routes secondaires, conformément à l’art. 46 de l’OCR:

2bis Il est permis d'utiliser les aires de circulation destinées aux piétons et, sur les routes secondaires à faible circulation (p. ex. dans les quartiers d'habitation), toute la surface de la chaussée pour pratiquer des activités, notamment des jeux, qui se déroulent dans un espace limité, ceci pour autant que les autres usagers de la route ne soient ni gênés, ni mis en danger.

Conditions d’introduction

Les zones de rencontre ne sont autorisées en Suisse que sur les routes secondaires non affectées à la circulation générale, conformément à l’art. 2a OSR. Sont considérées comme routes secondaires affectées à la circulation générale toutes les routes situées à l’intérieur des localités, conçues en premier lieu en fonction des exigences du trafic motorisé et destinées à des transports sûrs, performants et économiques (art. 1, al.9 OSR).

Depuis le 1er janvier 2023, il n’est plus nécessaire de procéder à une expertise pour introduire une zone de rencontre sur les routes non affectées à la circulation générale. L’Ordonnance fédérale du 28 septembre 2001 sur les zones 30 et les zones de rencontre règle les détails.

Route principale et route cantonale
Que désigne la route principale ?

Le terme « route principale » admet plusieurs définitions (Qu’est-ce qu’une route principale ?). Au niveau fédéral, plusieurs approches existent, relevant de la législation sur la circulation routière, sur la planification ou de la politique financière. Cette situation est interprétée différemment selon les cantons (niveau hiérarchique, volumes de trafic, fonction, etc.).

Pour bien comprendre cela, il faut distinguer la hiérarchie, la fonction, et la propriété de la route.

  • Hiérarchie : route principale, route secondaire
  • Fonction : route à fort trafic, de desserte
  • Propriété : route cantonale, route communale
Sur quel type de route une zone de rencontre est-elle possible ?

L’article 2a, alinéa 5 de l’OSR indique d’une part que le signe «Zone de rencontre» n’est admis que sur des routes secondaires (par opposition aux routes principales). La norme VSS 40 303 indique d’autre part qu’il peut être nécessaire d’abaisser la vitesse maximale signalisée jusqu’à 20 km/h sur les routes principales en traversée de localité et dans des situations particulières.

Les zones de rencontre ne sont donc actuellement pas autorisées sur les routes principales, mais certains projets documentés sur des routes cantonales ont par exemple été possibles en transformant la hiérarchie de la route. Ils sont documentés sur la plateforme.

Un projet de recherche SVI s’est penché sur l’admissibilité du régime « zone de rencontre » sur les routes principales (fluidité du trafic, stationnement, compréhension des aménagements) et a étudié concrètement plusieurs cas sur route cantonale.

Evaluation

Quand est-ce qu’une zone de rencontre fonctionne ?

Jusqu’à présent, les zones de rencontre sont surtout évaluées sous l’angle de la mobilité.

En effet, jusqu’à fin 2022, un contrôle ultérieur par la commune était obligatoire pour une zone de rencontre, conformément à l’«Ordonnance fédérale du 28 septembre 2001 sur les zones 30 et les zones de rencontre». Les points suivants sont examinés :

  • le respect de la vitesse de circulation des voitures, plafonnée à 20km/h. Cette condition est considérée comme respectée si 85% des conducteur·trice·s observent la limitation, et avec une marge de tolérance de 10% (soit 22km/h).
  • le respect des règles de stationnement (uniquement autorisé sur les espaces signalés à cet effet dans les zones de rencontre).

Effets globaux

Des études suisses et internationales ont démontré les effets suivants suite à la mise en zone de rencontre :

  • réduction de la vitesse moyenne
  • augmentation de la sécurité
  • réduction des nuisances dues au trafic, du bruit et des émissions de CO2

Rapports et publications sur les zones de rencontre

International

Le concept se répand

La Suisse a inspiré d’autres pays qui ont repris le concept de zone de rencontre dans leur législation routière. Aujourd’hui, des zones de rencontre régies de manière similaire au modèle suisse existent dans les pays suivants :

En Allemagne, les autorités fédérales compétentes ont refusé à plusieurs reprises d’inclure la zone de rencontre dans le droit de la circulation routière. C’est pourquoi la ville de Berlin a mis en œuvre une zone de rencontre comme projet modèle dans le cadre de sa stratégie de circulation piétonne, en combinant les réglementations en vigueur.

Zone de rencontre à Strasbourg
Zone de rencontre Mariahilfer Strasse à Vienne

Plus d’informations sur la Mariahilfer Strasse

Un bon exemple de zone de rencontre en Autriche est la Sonnenfelsplatz à Graz.

Concepts similaires

Sur le plan international, d’autres concepts similaires aux zones de rencontre ont vu le jour : les Shared Space et les zones à trafic modéré. Ils fonctionnent et sont régis de manière semblable.

Zones à trafic modéré

Lorsque l’Allemagne a introduit le concept de Wohnstrasse («Woonerf») originaire des Pays-Bas en 1980, les autorités n’ont volontairement pas limité le domaine d’application aux quartiers résidentiels. La dénomination choisie renonçait, contrairement à celle utilisée en Suisse et en Autriche, au terme « zone résidentielle » (Wohnstrasse) pour retenir une formulation plus neutre de « zone à trafic modéré » (verkehrsberuhigter Bereich). Il est par conséquent aussi possible d’aménager ce type de zone là où, en Suisse, on appliquerait le concept de zone de rencontre. La résistance face à l’instauration de zones à trafic modéré est plus forte que celle à l’encontre des zones de rencontre, car les véhicules sont tenus de circuler à la vitesse du pas et les enfants sont autorisés à jouer dans toute la zone. Une modification légale discutable introduite en 2009 restreint la réalisation de zone à trafic modéré aux espaces « avec un trafic très faible ». Quelques cas intéressants de zones à trafic modéré dans des rues principales ou commerçantes ont été déclassés suite à cette intervention.

Shared Space

Le concept de Shared Space (littéralement espace partagé) est originaire des Pays-Bas. Il se caractérise par l’aménagement de façade à façade favorisant une meilleure cohabitation entre tous les usagers et toutes les usagères de la chaussée. L’aménagement de Shared-Space ne nécessite généralement pas de signalisation ou de marquage supplémentaire. En Hollande, on observe cependant dans la majorité des cas la présence d’une zone 30 dans un périmètre de 50 mètres autour de l’espace partagé. La législation routière hollandaise ancre le principe de causalité de manière forte, ce qui revient pratiquement à accorder la priorité aux piéton·ne·s. De plus, du fait de la culture de déplacement relativement détendue aux Pays-Bas, il n’est pas réellement nécessaire de régler dans une législation spécifique les espaces de circulation dans lesquels est assoupli le principe de séparation des flux.

Vous trouverez des exemples d’application de Shared Space et les réglementions détaillées sur la page du Netzwerk Shared Space.

Shared Space à Haren NL.
Shared Space à Haren, exceptionnellement avec des passages piétons.
Shared Space à Haren.
La cour de récréation de Nordlaren se mélange visuellement avec la rue.
Shared Space à Leeuwarden.
Shared Space à Leeuwarden.
Shared Space à Drachten.
Shared Space dans le district d’Opsterland.
Shared Space dans le district d’Opsterland.

Littérature

Etude d’accompagnement – Mouvement, rencontre et animation dans des quartiers de Berne et Zurich
Etude d’accompagnement du projet modèle de développement territorial durable «Mouvement, rencontre et animation dans des quartiers de Berne et Zurich». Berner Fachhochschule, Institut Siedlung, Architektur und Konstruktion; 2024; Télécharger le PDF (résumé en français)

Animer les zones de rencontre avec des aménagements temporaires
Recommandation pour créer des conditions cadres favorables. Mobilité piétonne Suisse et AFAJ; 2024; Télécharger le PDF (en allemand) 

Guide : Animer les zones de rencontre
Animer les zones de rencontre. Guide pour des rues de quartier vivantes. Projet modèle 2020-2024 «Mouvement, rencontre et animation dans des quartiers de Berne et Zurich». Mobilité piétonne Suisse; Zurich 2023; Télécharger le guide

FAQ Zones de rencontre – Quartier
Comment transformer la rue dans laquelle j’habite en zone de rencontre? Mobilité piétonne Suisse; Zurich 2023; Télécharger la publication

Rapport final – Projet de recherche SVI
Analyse des zones de rencontre dans les quartiers commerçants, sur route principale avec transports publics, 133 pages, novembre 2022 ; Télécharger la publication  

Zones de rencontre, Tendances et défis après 20 ans
Documentation sur la mobilité douce n°160, Mobilité piétonne Suisse & OFROU, 40 pages, juin 2022; Zurich, juin 2022; Télécharger la publication

Zones de rencontre – Aide mémoire
Présente les défis relatifs à l‘évaluation de l’opportunité, la mise en place et l‘utilisation des zones de rencontre Verkehrsteiner AG; Bern 2017; Aide mémoire

Sécurité routière pour les personnes atteintes d’un handicap dans les zones de rencontre
Le Centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés a publié une fiche info sur les besoins des personnes mal et non voyantes, à prendre en compte lors de l’aménagement de zones de rencontre. Merkblatt 113, 2020 (en allemand)

Zones à vitesse réduite
Mobilité piétonne Suisse a documenté le cas pratique pour la plateforme internet «Mobilservice». La page donne un aperçu des bases de travail et des expériences des villes et communes en la matière. Zones à vitesse limitée (ca. 1.2 MB) par Marlène Butz et Thomas Schweizer (2006, mise à jour 2017).

Autres publications plus anciennes

Modération du trafic 
Editée par l’Office fédéral des routes (OFROU), la brochure intitulée « Modérer le trafic à l’intérieur des localités » indique les possibilités et les modalités des actions à entreprendre dans ce domaine. Distribuée aux cantons et aux communes, cette publication donne en outre un aperçu des critères à respecter lors de l’introduction des mesures prises à cet effet. Office fédéral des routes OFROU ; Berne 2006 ; Télécharger le document

Zones 30 et zones de rencontre
L’Office fédéral de l’énergie, respectivement SuisseEnergie pour les communes, a publié une brochure sur le thème des zones 30 et des zones de rencontre. SuisseEnergie pour les communes soutient les initiatives locales. Tempo 30 und Begegnungszonen (ca. 200 KB) (en allemand)

FuVeMo Fussgänger und Velomodellstadt Burgdorf 1996 -2006 Abschlussbericht 

Daniel Grob, Mobilité piétonne (2000) : Evaluation d’une nouvelle forme de zones de circulation communes aux piétons et des véhicules à l’intérieur des localités – Rapport d’experts

Rapport de recherche SVI 2006/002
Begegnungszonen – eine Werkschau mit Empfehlungen für die Realisierung; Bern 2013; Download (en allemand)

Retour en haut